DEMISSION DE PAUL BIYA ET DU GOUVERNEMENT DU CAMEROUN ET LE DEDOMMAGEMENT DES VICTIMES

0 100

D’après la Constitution du Cameroun (C.C.), il incombe au Chef de l’Etat d’assurer la sécurité et les conditions nécessaires au développement des citoyens du Cameroun. Au regard des circonstances actuelles(I), nous constatons comme un grand nombre de camerounais des défaillances et l’échec de la politique de la Nation (II) prônée par le Chef de l’Etat depuis 40 ans et mise en œuvre par le Gouvernement (Art. 11(1) et 5(2)) CC).

I. CIRCONSTANCES CRITIQUES SUR LE PLAN ECONOMIQUE ET SOCIAL AU CAMEROUN

En quelques chiffres, depuis la prise de pouvoir en 1982 du Président Paul Biya, le Cameroun connaît un point de retournement de sa prospérité économique dû à une baisse des revenus des matières premières, dont le pétrole ainsi que d’autres produits d’exportations (cacao, coton, café). Evaluée à environ 329 milliards de francs CFA au cours de cette période, cette baisse équivaut à 8,2% du PIB (République du Cameroun, 2003). L’incidence de la pauvreté n’a pratiquement pas diminué au niveau national (39,9 % contre 40,2 % en 2001).  Le niveau de l’emploi a baissé de 10 % et le chômage atteint les 17 %. Ce niveau de chômage masque cependant un sous‐emploi dont le taux est de 75,8 %. Cette situation s’est développée de manière concomitante à un accroissement important du secteur informel qui emploie environ 90 % des personnes actives (HRI/CORE/CMR/2013, par.23‐31).

L’offre publique des services sociaux de base est encore insuffisante : D’après la Banque mondiale(2015)[1] 46,3% de la population n’a pas accès à l’électricité. En ce qui concerne l’eau, l’AFD(2013)[2] indique que le taux d’accès par branchement individuel ou partagé n’est que de 26%, contre 78% au Sénégal ou 62% en Côte‐d’Ivoire. Au niveau des infrastructures routières, le rapport de la BAD(2012)[3] souligne que le pays dispose d’un réseau de transport inadéquat, au regard de sa taille et du volume de ses activités. Le sous‐secteur routier constitue le principal moyen de transport. Il assure 85 % du volume des échanges. Il compte 50 000 km, dont 24 % sont en bon état, et moins de 10 % bitumés. Les routes rurales de desserte représentent 25 % du réseau, ce qui témoigne d’un enclavement important de plusieurs zones du pays. Les principales voies d’accès reliant les centres urbains les plus importants sont souvent saturées et jugées dangereuses. Le sous‐secteur ferroviaire constitue le deuxième moyen utilisé, principalement pour le transport des marchandises. D’une longueur de 1 245 km, il a plus de 40 ans d’existence et n’a pas fait l’objet de réhabilitation.

[1] http://fr.actualitix.com/pays/cmr/cameroun‐acces‐a‐l‐electricite.php
[2] http://www.afd.fr/home/pays/afrique/geo‐afr/cameroun/Projets‐developpement‐cameroun/eau‐et‐assainissement/ameliorer‐l‐acces‐a‐l‐eau‐potable
[3]http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Project‐and‐Operations/Cameroun%20‐%20Environnement%20de%20l%E2%80%99investissement%20priv%C3%A9.pdf

II. DEFAILLANCES SECURITAIRES ET POLITIQUES

Malgré la situation sociale et économique dégradante soulignée plus haut et les priorités du développement du Cameroun définies par le DSRP, Sous instruction du Président de la République Paul Biya[1], le Gouvernement du Cameroun a sollicité à la Chine un financement au taux concessionnel d’un montant de 550 milliards de francs Cfa pour la construction des stades devant abriter les Can 2016 et 2019 ( CAN féminine de football 2016 au Cameroun du 19/11/2016 au 03/12/2016, 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations de football 2019 du 19/01/2019 au 10/02/2019).Les compétitions footballistiques en vue au Cameroun sont considérées comme «  rideau idéologique derrière lequel se concentre le désastre réel » (Théodor, Adorno, Horkheimer, cité par Gras, 2004, p.17). En guise d’illustration sur le plan sécuritaire, Modestine Carole Tchatchouang Yonzou, une combattante des droits de l’homme très active dans le réseau social Facebook avec plus de 20.000 amis, a publié le 24 octobre 2016 sur  son journal facebook à la suite de la tragédie d’Eseka au Cameroun un article fort intéressant qui met en lumière ce qu’elle appelle « PACTE DE SANG ENTRE BIYA ET LUCIFER OU L’APOCALYPSE AU PAYS D’UM‐NYOBE DEPUIS L’ACCESSION DE BIYA AU POUVOIR ? ». Selon cette auteure, depuis l’accession de Paul Biya au  pouvoir, « le Cameroun vibre au rythme des tragédies avec un bilan génocidaire ». Au total 57.682 morts dont pour la plupart dans l’impunité totale. Parmi les faits soulevés, les morts lors du coup d’Etat d’avril 1984, ceux des villes mortes de 1990, la catastrophe  du lac Nyoss à Bamenda en 1988,  la catastrophe de Nsam en 1998, les morts du commandement opérationnel en 2000, les morts du choléra, les morts récurrents des accidents routiers , ferroviaires et aériens…. Et la nébuleuse terroriste de Boko Haram depuis 2013 qui est venue succéder au phénomène récurrent des coupeurs de route dans l’Extrême‐Nord du pays. Et plus récemment les morts de la tragédie d'Eseka du 21.10.2016 au Cameroun. L’auteure conclut son article en soulignant que ces faits macabres «  démontrent clairement que l’établissement de l’acte de décès du Cameroun n’est pas loin…Et si on y prend garde nous y passerons tous ».

Sur le plan politique, le mandat actuel du Président de la République s’achève en 2018, année probable de nouvelles élections présidentielles, législatives, sénatoriales et municipales. En cela l’organisation d’une CAN de football en 2019 au Cameroun sera récupérée sur le plan politique pour «  diffuser un effet de façade chimérique »du pouvoir dictatorial face à l’échec du programme politique de ce dernier annoncé lors des élections de 2011 bâti sous les grandes réalisations.  Selon Gras (2004), « le spectacle footballistique, proposé comme modèle, n’offre rien d’autre à l’individu que la solution de se reconnaître d’une manière illusoire lorsque la modernité libérale ne permet pas de le faire démocratiquement et selon des aspirations progressistes et citoyennes » (Gras, 2004, p.17).Pour terminer cette réflexion sur le plan politique, Gras (2004) fait un rapprochement intéressant entre l’institution carcérale et le champ sportif dans un contexte dictatorial et montre comment les fonctions et leurs  modes d’organisation présentent des similitudes.

En effet, le plan machiavélique de Paul Biya pressé par les bailleurs de fonds d’assainir la gestion des affaires publiques consiste à diaboliser un certain nombre de ses camarades politiques du  parti RDPC dont le dessein était d’assurer une transition au pouvoir lors des élections de 2011 au Cameroun en s’opposant à la révision constitutionnelle de 2008 délimitant le mandat du Président de la République. Sous le couvert d’une « opération épervier » une bonne frange de l’élite politique de son parti‐ avec en tête de liste le premier ministre Ephraim Inoni et l’ancien S.G. de la Présidence Marafat Ahmidou Yaya‐ a été poursuivie et arrêtée pour des motifs de détournement de fonds publics pour la plupart des cas. Ainsi, de la même manière que le football détourne les masses des luttes politiques en neutralisant les revendications et en contribuant à préserver l’ordre instauré,  des procès interminables et des arrestations à compte‐gouttes ont permis d’écarter une bonne frange des potentiels candidats à sa succession dans son propre parti et , ainsi, maintenir son pouvoir dictatorial à l’interne de son parti politique le RDPC. Pour Gras (2004, p.17), les compétitions footballistiques ont pour fonction «  annihiler les tensions en détournant l’engagement corporel vers une activité ludique et en plaçant ses participants dans des espaces précisément délimités (stade, gymnase, tribune, fauteuils…) ». Les incarcérations ont pour fonction de maîtriser les débordements politiques en excluant les potentiels adversaires politiques en les qualifiant de criminels et de délinquants économiques et en les enfermant. En cela, conclut, Gras (2004, p.17) le football et la prison, «  sont des instruments au service du pouvoir » dictatorial, « utilisés pour maîtriser les débordements qui risqueraient de remettre en cause » la perpétuation du pouvoir dictatorial.

III. APPEL A SIGNATURE

Au vu de ce qui précède, le CRED lance l'appel à signature pour revendiquer: La démission du Président de la République, Paul Biya La démission du Gouvernement du Cameroun Le dédommagement par l'Etat du Cameroun des victimes des tragédies visées dans le point (II)

Fait à Genève, le 22 octobre 2016

Pour le Cercle de Recherche sur les droits et les devoirs de la personne humaine(CRED),
Le Président de CRED et Coordonnateur du programme National Anti discrimination du Cameroun( PNAD)
www.pnad.ch
Hilaire BELL
Note : Les personnes désireuses de signer la pétition sous format papier peuvent faire la demande par mail: credong@yahoo.fr

[1] http://www.camer‐sport.be/3222/6/CM/14/cameroun‐financement‐550‐milliards‐pour‐les‐can‐2016‐et‐2019‐le‐dossier‐du‐jour‐cameroon.html

Mobilisation créée par CERCLE DE RECHERCHE SUR LES DROITS ET LES DEVOIRS DE LA PERSONNE HUMAINE( CRED)
2/1/2017

Soutenir we sign it

Wesign.it ne vit que grâce aux dons et ne fait pas de commerce avec vos données. Pour maintenir ce service, soutenez-nous, les fonds serviront à payer le serveur, l'envoi de mails ainsi qu'un salaire à temps plein sur un an.

Soutenir WE SIGN IT